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French to Spanish: Artículo de política y cultura General field: Other Detailed field: Journalism
Source text - French Nettoyage ethnique en Papouasie occidentale
Par Philippe Pataud Célérier *
* Journaliste, auteur d’un blog sur www.philippapataudcélérier.com
« Nous ne sommes pas des singes ! Référendum ! La Papouasie libre ! » Brandissant ces pancartes au-dessus de leurs têtes, les Papous crient leur colère, en ce mois d’août 2019. Hommes, femmes, enfants affluent vers les centres-villes, poitrines et visages peints aux couleurs de leur drapeau, l’« étoile du matin », blanche sur fond rouge – symbole du peuple papou prêt à verser son sang. Ces couleurs furent hissées pour la première fois le 1er décembre 1961, quand les Néerlandais acceptèrent que les Papous lèvent leur drapeau aux côtés du leur. Non sans arrière-pensées : ils savaient que la jeune République indonésienne, qui avait proclamé son indépendance le 17 août 1945, convoitait la Nouvelle-Guinée occidentale, restée sous le joug des Pays-Bas.
Comme tous les ans, lors de la fête nationale, le drapeau blanc et rouge de l’Indonésie pavoise ce vaste archipel de cinq mille kilomètres de long. Mais, dans la ville javanaise de Surabaya, la deuxième plus grande agglomération du pays, la tradition va prendre cette année une tournure particulière.
Le 16 août, des dizaines de personnes encerclent une résidence d’étudiants papous en proférant des injures racistes. Elles les traitent de « porcs », de « chiens », de « singes » qu’il faut « chasser, massacrer ». Les téléphones portables filment. Dans la foule, des policiers, ainsi que des miliciens islamistes, comme ceux du Front des défenseurs de l’islam (FPI), ou nationalistes, comme les Pemuda Pancasila (« Jeunes du Pancasila », la philosophie de l’État indonésien). Coordinatrice de cette manifestation haineuse, une femme a fait circuler la rumeur selon laquelle des étudiants papous auraient déshonoré le drapeau national – lequel gît en effet là, avec sa hampe tordue. Cela suffit pour faire intervenir les forces antiémeute, qui prennent d’assaut le dortoir à grand renfort de gaz lacrymogènes, blessant cinq étudiants. Quarante-trois d’entre eux sont arrêtés. Les vidéos se propagent sur les réseaux sociaux, très utilisés dans le pays. Quarante-huit heures plus tard, à trois mille kilomètres à l’est de Surabaya, les Papous réagissent avec fureur.
Loin d’être une inconnue, la lanceuse de rumeur, Mme Tri Susanti, est la responsable locale du Forum de communication des retraités et des membres de l’armée et de la police d’Indonésie (FKPPI), une puissante milice étroitement liée aux forces militaires. Ancienne conseillère municipale de Surabaya pour le parti du Mouvement de la grande Indonésie (Gerindra, troisième parti du pays), elle est aussi une proche de M. Prabowo Subianto. Cet ancien général, responsable d’innombrables exactions au Timor oriental , a perdu par deux fois l’élection présidentielle contre l’actuel dirigeant Joko Widodo . Quand, enfin, Mme Susanti est convoquée par la police, elle déclare n’avoir fait que reprendre une rumeur dont elle dit ignorer l’origine . Cette profanation du symbole national pouvait très bien résulter d’une manipulation ; mais, pour le savoir, il aurait fallu enquêter sur une éventuelle collusion entre policiers, miliciens et politiques. Les étudiants papous, eux, sont libérés sans qu’aucune charge soit retenue contre eux.
Cependant, le mal est fait. Les principales villes de Nouvelle-Guinée occidentale (voir la carte) sont à feu et à sang. Le Parlement régional de Manokwari est détruit ; l’aéroport et la prison de Sorong sont incendiés. À Fakfak, l’« étoile du matin » est hissée en lieu et place du drapeau indonésien. L’image est forte. En guise de réponse, six mille soldats supplémentaires sont dépêchés dans les deux provinces papoues, qui comptabilisaient déjà près d’un policier pour cent personnes. L’escalade est inévitable. Début octobre, on dénombrait déjà, selon l’organisation Human Rights and Peace for Papua, près d’une vingtaine de victimes.
« Ces émeutes mettent surtout un coup d’arrêt à la politique qu’ambitionnait de développer Joko Widodo, à grand renfort d’investissements économiques et d’ouverture politique, analyse un journaliste indonésien basé à Djakarta qui souhaite rester anonyme. Avec la libération de prisonniers politiques et l’éventualité pour les Papous d’obtenir une autonomie renforcée, beaucoup jugeaient sa politique trop laxiste. Widodo est par ailleurs l’une des premières personnalités politiques de premier plan à ne pas être issues du sérail militaire. » Parmi ceux qui se félicitent de ce climat de violence, on compte bien sûr les adversaires du président, toujours prompts à encourager ce qui pourrait le déstabiliser. Mais on retrouve également des membres du gouvernement, tel le ministre coordinateur des affaires politiques, judiciaires et sécuritaires, le général Wiranto, ancien ministre de la défense et de la sécurité, ancien commandant des forces armées (1998-1999) qui ont perpétré des massacres au Timor et en Papouasie ; ou encore le ministre de la défense, M. Ryamizard Ryacudu, qui acclamait en 2001 l’assassinat de Theys Eluay, l’un des leaders papous historiques.
Ces militaires savent que le chaos est le plus sûr garant de ce retour à l’ordre martial qu’ils désirent ardemment. C’est d’ailleurs en partie pour atténuer l’influence des militaires, et pour convertir un ennemi potentiel en allié providentiel, que M. Widodo a choisi en 2019 pour vice-président M. Ma’ruf Amin, chantre d’un islam moralisateur et intolérant, susceptible de séduire des électeurs de plus en plus sensibles aux thèses fondamentalistes . Renouvelant l’équipe gouvernementale pour son second mandat, il a nommé ministre de la défense, le 23 octobre 2019, son pire ennemi : le puissant et très contesté M. Subianto. Un pari audacieux, mais jugé inévitable par le chercheur australien Damien Kingsbury : « Widodo reste trop vulnérable face aux islamistes, aux militaires et au DPR [Dewan Perwakilan Rakyat], la chambre basse du Parlement. »
Cette audace a permis au chef de l’État d’élargir son assise politique (M. Subianto avait obtenu 44,5 % des voix à l’élection présidentielle d’avril 2019) et de poursuivre ses réformes sans être (trop) contesté ni voir l’unité nationale encore plus fragilisée . Cela n’empêche pas de multiples remous dans la société autour de projets de loi jugés liberticides : affaiblissement de l’agence de lutte contre la corruption (KPK), durcissement du code pénal pour punir le sexe hors mariage, extension de la loi sur le blasphème… Tout cela renforce les fanatiques islamistes, comme en témoigne la tentative d’assassinat sur la personne du général Wiranto, le 13 octobre dernier.
Toutefois, un sujet – c’est sans doute le seul – demeure éminemment consensuel : la Papouasie. Ses habitants, noirs de peau, christianisés et pouvant encore porter l’étui pénien, apparaissent comme une menace tant pour la morale religieuse que pour l’unité et l’économie du pays. Un péril qu’islamistes et militaires ont copieusement brandi après l’assassinat, le 1er décembre 2018, de dix-sept ouvriers non papous qui travaillaient à la construction de l’axe routier Trans-Papouasie, dans la province de Nduga – le projet-phare du président Widodo, qui relie Sorong à Merauke, deux villes distantes de 4 330 kilomètres. D’une ampleur sans précédent, ces meurtres ont été revendiqués par l’Armée de libération nationale de la Papouasie occidentale (TPNPB), l’aile militaire de l’Organisation pour une Papouasie libre (OPM).
Par ailleurs, la pétition lancée par M. Benny Wenda, responsable du Mouvement unifié pour la libération de la Papouasie occidentale (Mulpo), et secrètement diffusée sur le terrain par le Comité national pour la Papouasie occidentale (KNPB), la principale organisation papoue pour un référendum d’autodétermination, est un camouflet pour les autorités. Elle a circulé de village en village pendant plusieurs mois, au nez et à la barbe des militaires et des policiers, et a recueilli 1,8 million de signatures (sur une population totale de 4,5 millions de personnes environ). Celles-ci ont été remises, début 2019, à Mme Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Une fois de plus, les Papous réclament le droit de choisir leur destin, à rebours du simulacre de référendum organisé il y a cinquante ans, en avril 1969. Celui-ci avait été concocté en pleine guerre froide par les États-Unis, qui redoutaient que l’Indonésie, cheffe de file des pays non alignés, ne bascule du côté des Soviétiques. Pour la satisfaire, ils avaient alors contraint les Pays-Bas (par l’accord de New York du 15 août 1962) à abandonner leur souveraineté sur la Nouvelle-Guinée occidentale et à la transférer à Djakarta, le 1er mai 1963. En contrepartie, l’Indonésie garantissait l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans les six années suivant le transfert. Six ans de terreur et de répression (30 000 victimes), au terme desquels un millier de Papous (sur 800 000 environ) allaient voter pour l’intégration. Le 19 novembre 1969, l’Organisation des Nations unies (ONU) entérinait le résultat.
Sans doute l’ONU a-t-elle préféré troquer le droit à l’autodétermination du peuple papou contre une issue politique beaucoup plus stable – et lucrative pour les intérêts américains. Le sous-sol papou regorge de richesses qui, dès la fin des années 1950, ont attisé la convoitise du géant minier américain Freeport Sulphur (aujourd’hui Freeport-McMoRan). Le président Sukarno, père de l’indépendance, étant assez rétif aux puissances d’argent, son numéro deux, l’ambitieux et très influent général Suharto, cristallisa rapidement les espoirs des parties intéressées. Appuyé par les Américains et par la Central Intelligence Agency (CIA), le coup d’État du 30 septembre 1965 lui permit de renverser Sukarno, tout en massacrant entre 500 000 et 2 millions de communistes (ou supposés tels) . Dès avril 1967, le général accordait à Freeport Sulphur le droit de prospecter, à coups d’investissements colossaux, les fabuleux gisements cuprifères et aurifères des mines d’Ertsberg et de Grasberg – plus grande mine d’or et deuxième mine de cuivre du monde –, aux profits toujours inégalés à ce jour. Si le problème communiste ne se posait plus en 1969, l’incertitude du référendum aurait à coup sûr effrayé le géant minier.
Bien que la répression s’accentue, les Papous ne renoncent pas. Aujourd’hui, tous les dirigeants de leurs principales organisations sont arrêtés, tel M. Agus Kossay, président du KNPB ; Internet est bloqué. Les journalistes indonésiens sont surveillés, les défenseurs des droits humains emprisonnés ou poursuivis. L’avocate Veronica Koman, menacée de mort, a dû se réfugier en Australie. Pour M. Victor Yeimo, porte-parole du KNPB, « les gens descendent dans la rue parce qu’ils n’acceptent plus d’être colonisés, marginalisés, considérés au mieux comme des citoyens de seconde zone et au pire comme des sous-hommes, des animaux ! ».
Les Papous n’ont aucun droit de regard sur leur avenir et celui de leur terre. « C’est du développement économique, cette route reliant Sorong à Merauke ? Ces treize nouveaux ports ? Les sept nouveaux aéroports ? Un leurre !, s’exclame un habitant du district de Nduga. Ces routes servent aux compagnies sylvicoles qui dévastent nos forêts. Puis aux multinationales agro-alimentaires qui remplacent nos cultures vivrières par des cultures d’exportation (huile de palme, élevage de bovins) et qui nous font crever de faim. En 2015, personne n’a eu les moyens d’arrêter l’épidémie de coqueluche qui a emporté 51 enfants dans les hautes terres de Nduga. Nous ne voulons pas de ce développement ! Oui, la mine de Grasberg est prospère : chaque jour, elle nous offre plus de 200 000 tonnes de déchets miniers qui détruisent nos rivières ! » Depuis juillet 2018, le gouvernement indonésien est devenu l’actionnaire majoritaire de la société PT Freeport Indonesia, qui exploite cette mine. Mais l’objectif affiché est simplement d’améliorer sa rentabilité…
Pis : suite à l’exécution des dix-sept ouvriers sur le chantier de l’axe Trans-Papouasie, les militaires ont transformé les villages en torches. À coups de bombes au phosphore blanc, précise l’hebdomadaire australien The Saturday Paper . Sur les 100 000 Papous qui vivaient dans le district de Nduga, 45 000 ont dû quitter la région ; 5 000 erreraient toujours dans les terres hostiles et froides des hauts plateaux. Selon les organisations non gouvernementales (ONG), 190 Papous, en majorité des femmes et des enfants, sont déjà morts de faim ou de maladie. Certains ont été assassinés, comme en attestent les cinq corps retrouvés dans une fosse. « Il s’agit d’un nettoyage ethnique, ni plus ni moins », écrit M. Samuel Tabuni, directeur de l’Institut de langue papoue (basé à Jayapura), dans une lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU . Des faits niés par les autorités, qui n’ouvrent pas pour autant la région à des enquêteurs indépendants.
« Ce sera très dur d’obtenir un référendum d’autodétermination, soupire un militant papou. Mais quelle autre solution avons-nous ? Si nous résistons, nous sommes tués. Si nous n’agissons pas, nous sommes condamnés à disparaître. Regardez les rapports des ONG : le nombre d’exactions, d’exécutions extrajudiciaires que la population papoue subit quotidiennement est vertigineux ! » De fait, « la Papouasie est l’un des trous noirs de l’Indonésie dans le domaine des droits humains. C’est la région où les forces de sécurité ont pendant des années été autorisées à tuer des femmes, des hommes, des enfants, sans craindre de devoir assumer la moindre responsabilité », constatait le 2 juillet 2018 M. Usman Hamid, directeur exécutif d’Amnesty International Indonésie.
Le 23 septembre 2019, une nouvelle émeute embrasait Wamena, la grande ville des hautes terres centrales. Là encore, un professeur aurait traité un élève de « singe ». Selon les autorités locales, 33 personnes, parmi lesquelles 25 migrants de Sumatra ou des Célèbes, auraient trouvé la mort dans des circonstances toujours pas élucidées à ce jour. Beaucoup s’interrogent sur l’origine de ces émeutiers qu’aucun habitant de la ville n’a reconnus . En attendant, près de 8 000 Papous et non-Papous ont fui Wamena, les premiers redoutant la répression de l’armée, les seconds la radicalisation de certains Papous. « Nous n’avons rien contre les migrants, déclare M. Jeffrey Bomanak, responsable de l’OPM. Nos ennemis, ce sont la police et l’armée. Mais beaucoup de nouveaux migrants, directement ou indirectement manipulés par le pouvoir, arrivent pour provoquer des conflits intercommunautaires. » Nombre d’entre eux appartiennent à des milices nationalistes et islamistes qui patrouillent en faisant régner la terreur. De quoi rappeler ces groupes extrémistes qui avaient infiltré le Timor oriental en distillant jour après jour le venin de la guerre civile.
Translation - Spanish La limpieza étnica en Papúa Occidental
por Philippe Pataud Célérier *
* Periodista y autor del blog www.philippapataudcélérier.com
“¡No somos monos! ¡Referéndum! ¡Papúa libre!”, rezaban las pancartas que los manifestantes papúes proindependencia alzaban al aire para expresar su ira este mes de agosto de 2019. Hombres, mujeres y niños se concentraron en el centro de las ciudades con el pecho y el rostro pintados con los colores de su bandera: “el lucero del alba”, blanco sobre fondo rojo, símbolo del pueblo papú dispuesto a derramar su sangre. La bandera fue izada por primera vez el 1 de diciembre de 1961, cuando los holandeses aceptaron que los papúes enarbolaran su emblema nacional junto a la de sus colonos. Sin embargo, dicha decisión escondía una doble intención, pues Holanda sabía que la recién proclamada República de Indonesia, que declaró su independencia el 17 de agosto de 1945, ambicionaba la anexión de Nueva Guinea Occidental, que permanecía bajo el dominio de los Países Bajos.
Como cada año, con ocasión del Día de la Independencia, la bandera blanquirroja indonesia engalana este vasto archipiélago de 5.000 kilómetros de largo. No obstante, este año, en la ciudad javanesa de Surabaya —la segunda metrópoli más poblada del país— la tradicional fiesta nacional adoptará un cariz singular.
El pasado 16 de agosto, decenas de personas asediaron una residencia de estudiantes papúes y empezaron a proferir insultos racistas contra ellos. Los testigos grabaron con sus móviles cómo los atacantes gritaban a los estudiantes “cerdos”, “perros” y “monos” que hay que “cazar y exterminar”. Entre la muchedumbre se encontraban policías y milicianos islamistas —como los del Frente de Defensores del Islam (FPI)— y nacionalistas —como Pemuda Pancasila (‘Juventud Pancasila’, la filosofía en la que se basa el Estado indonesio). Una mujer, coordinadora de esta protesta inspirada por el odio, difundió el rumor de que algunos estudiantes papúes deshonraron presuntamente la bandera indonesia, la cual, efectivamente, estaba tirada al suelo con el asta torcida. Este acto fue una razón de peso para que intervinieran los policías antidisturbios, que asaltaron la habitación compartida de los jóvenes y dispararon una gran cantidad de gases lacrimógenos. Como consecuencia, 5 estudiantes resultaron heridos y 43 fueron arrestados. Los vídeos de la detención se viralizaron a través de las redes sociales, muy utilizadas en el país. Dos días después, a 3.000 kilómetros al este de Surabaya, los papúes reaccionaban con violencia.
La mujer que divulgó el rumor, Tri Susanti, no es una persona anónima. Nada más lejos de la realidad, pues es la responsable local del Foro de Comunicación de los Hijos de los Veteranos de Guerra de Indonesia (FKPPI), una milicia que actúa como lobby y está estrechamente vinculada a las fuerzas militares. Susanti fue concejala de Surabaya por el Partido Movimiento Gran Indonesia (Gerindra, tercera fuerza del país) y es allegada a Prabowo Subianto. Este exteniente general, responsable de incontables matanzas en Timor Oriental, ha perdido dos veces las elecciones presidenciales contra el actual presidente indonesio Joko Widodo. Cuando finalmente la policía citó a Susanti para someterla a interrogación, declaró que simplemente se limitó a repetir un rumor que desconocía cómo se había originado. La presunta profanación de la enseña nacional podría ser perfectamente fruto de una manipulación. No obstante, para saberlo habría sido necesario investigar una posible conspiración entre policías, milicianos y políticos. Ese mismo día los estudiantes papúes fueron puestos en libertad sin cargos.
Aun así, el daño ya está hecho. Las principales ciudades de Papúa Occidental (véase el mapa) fueron devastadas. El parlamento regional de Manokwari fue destruido por las llamas y el aeropuerto y una prisión de Sorong fueron incendiados. En Fakfak izaron “el lucero del alba” en lugar de la bandera indonesia. La imagen resulta perturbadora. A modo de respuesta, el Gobierno indonesio se apresuró a enviar 6.000 soldados suplementarios a las dos provincias papúes, en las cuales había, a esas alturas, cerca de un policía por cada cien personas. La escalada de la violencia es inevitable. Según la organización Human Rights and Peace for Papua (‘Derechos Humanos y Paz para Papúa’, en inglés), tan solo a principios de octubre se registraron alrededor de una veintena de víctimas.
“Esos disturbios han paralizado bruscamente, sobre todo, la política que Joko Widodo deseaba elaborar, basada en numerosas inversiones económicas y una amplia apertura política”, analiza un periodista indonesio que reside en Yakarta y quiere permanecer en el anonimato. “Como consecuencia de la liberación de los presos políticos y la posibilidad de que los papúes obtuvieran una autonomía reforzada, muchos consideraban que la política de Widodo era demasiado laxa. Por otra parte, Widodo es uno de los primeros líderes políticos preeminentes que no mantiene vínculos con la élite militar”. Entre los que se alegran de este clima de violencia se encuentran, por supuesto, los rivales del presidente indonesio, siempre dispuestos a fomentar lo que podría desestabilizarlo. No obstante, también hay miembros del Gobierno indonesio que perpetraron exterminios en Timor y en Papúa. Es el caso del general Wiranto, ministro indonesio de Coordinación de Asuntos Políticos, Legales y de Seguridad, exministro de Defensa y Seguridad y excomandante de las Fuerzas Armadas de Indonesia (1998-1999). O incluso el ministro indonesio de Defensa, Ryamizard Ryacudu, que en 2001 aclamó el asesinato de Theys Eluay, uno de los líderes históricos del movimiento independentista en Papúa.
Estos militares saben que el caos es la garantía más segura para restaurar la ley marcial que ansían fervientemente. Sin embargo, en parte para atenuar la influencia de los militares y convertir un enemigo potencial en un aliado oportuno, este 2019 Widodo eligió como vicepresidente a Ma’ruf Amin, corifeo de un islam moralizador e intolerante, capaz de embaucar a los votantes cada vez más afines a las tesis fundamentalistas. Widodo renovó su gabinete en su segundo mandato: el 23 de octubre de 2019 nombró ministro de Defensa a su acérrimo enemigo: el poderoso y harto criticado Subianto. Se trata de una apuesta arriesgada, aunque el académico australiano Damien Kingsbury considera inevitable: “Widodo continua siendo demasiado vulnerable frente a los islamistas, a los militares y al Consejo de Representantes del Pueblo (DPR), la Cámara Baja del Parlamento indonesio".
Esta osada estrategia ha permitido al jefe de Estado aumentar el número de adeptos (Subianto obtuvo el 44,5 % de los votos en las elecciones presidenciales de abril de 2019) y proseguir con las reformas sin recibir (excesivas) críticas y evitando que la unidad nacional se debilite aún más. De todos modos, estas medidas no impiden que en la sociedad se levanten revuelos en torno a proyectos de ley tachados de liberticidas: debilitamiento de la agencia anticorrupción indonesia (KPK), endurecimiento del código penal para condenar las relaciones extramatrimoniales, extensión de la ley contra la blasfemia, etc. Todas estas modificaciones robustecen a los fanáticos islamistas, como demuestra el intento de asesinato del general Wiranto el pasado 13 de octubre.
Sin embargo, sigue habiendo una cuestión —sin duda la única— sumamente consensuada: Papúa. Sus habitantes, de piel oscura, cristianizados y a los que todavía se les permite llevar la koteka (en el caso de los hombres), son vistos como una amenaza tanto para la moral religiosa como para la unidad y economía de Indonesia. Una amenaza que islamistas y militares han esgrimido hasta la saciedad tras el asesinato, el 1 de diciembre de 2018, de 17 obreros no papúes que trabajaban en la construcción de la autopista Trans-Papúa, en la región de Nduga. Se trata del proyecto prioritario del presidente Widodo que une Sorong y Merauke, dos ciudades separadas por una distancia de 4.330 kilómetros. Los asesinatos, que causaron un impacto sin precedentes, fueron reivindicados por el Ejército de Liberación Nacional de Papúa Occidental (TPNPB), el brazo armado del Movimiento para la Liberación de Papúa (OPM).
Por otra parte, la petición de referéndum que realizó Benny Wenda —líder del Movimiento Unido de Liberación de Papúa Occidental (MULPO)—y que fue difundida furtivamente en Papúa por el Comité Nacional de Papúa Occidental (KNPB) —principal organización papú que defiende un referéndum de autodeterminación— representa un agravio para las autoridades. La petición viajó de pueblo en pueblo durante varios meses, desafiando la presencia de los militares y policías, y recogió 1,8 millones de firmas (de una población total de unas 4,5 millones de personas). A principios de 2019 la petición fue entregada a Michelle Bachelet, la alta comisionada de la ONU para los derechos humanos.
Una vez más, los papúes reclaman el derecho a elegir su propio destino, contrariamente a lo que sucedió en el falso referéndum organizado hace 50 años, en abril de 1969. EE. UU. se encargó de urdir ese referéndum en plena Guerra Fría, pues temía que Indonesia, cabecilla del Movimiento de Países No Alineados, se inclinara hacia los soviéticos. Para contentar a Indonesia, EE. UU. obligó a los Países Bajos (de conformidad con el Acuerdo de Nueva York del 15 de agosto de 1962) a renunciar a su soberanía sobre Nueva Guinea Occidental y cederla a Yakarta, el 1 de mayo de 1963. A cambio, Indonesia se comprometió a organizar un referéndum de autodeterminación dentro de los seis años posteriores a la cesión de la autonomía. Fueron seis años de terror y represión (30.000 víctimas), al final de los cuales 1.000 papúes (de unos 800.000) votarían a favor de la integración. El 19 de noviembre de 1969 la ONU ratificó el resultado.
Está claro que la ONU prefirió relegar el derecho de autodeterminación del pueblo papú a favor de una vía política mucho más estable —y rentable para los intereses norteamericanos. El subsuelo papú es rico en minerales que, desde finales de los años 50, han avivado la codicia del gigante minero norteamericano Freeport Sulphur (actualmente Freeport-McMoRan). Dado que el presidente Sukarno, padre de la independencia de Indonesia, desconfiaba bastante de los beneficios económicos de la minería, su sucesor —el ambicioso y altamente reputado general Suharto— materializó rápidamente las esperanzas de las partes interesadas. El golpe de Estado perpetrado el 30 de septiembre de 1965 —respaldado por los norteamericanos y la CIA— permitió a Suharto derrocar a Sukarno mediante la purga de entre 500.000 y 2 millones de (presuntos) comunistas. Desde abril de 1967, el general Suharto concedió a Freeport Sulphur el derecho a prospectar, recurriendo a inversiones astronómicas, los inmensos yacimientos cupríferos y auríferos de las minas de Ertsberg y Grasberg (la mayor mina de oro y la segunda mina de cobre más grande del mundo) con ganancias que todavía hoy siguen siendo insuperables. Si el comunismo hubiera dejado de suponer un problema en 1969, la incertidumbre del referéndum hubiera alarmado, sin lugar a dudas, al gigante minero. Aunque la represión se acentúa, los papúes no se rinden. Actualmente, todos los dirigentes de las principales organizaciones están detenidos. Es el caso de Agus Kossay, presidente del KNPB. Además, el acceso a Internet está bloqueado. Los periodistas indonesios permanecen bajo vigilancia y los defensores de los derechos humanos están presos o están siendo perseguidos. La abogada Veronica Koman, amenazada de muerte, ha tenido que buscar asilo en Australia. Según Victor Yeimo, portavoz del KNPB, “la gente se lanza a las calles porque ya no aceptan estar colonizados, discriminados, considerados —en el mejor de los casos— ciudadanos de segunda y —en el peor de los casos—, ¡seres inferiores, animales!”.
Los papúes no tienen ningún derecho de control sobre su futuro ni el de su territorio. “¿Supone un desarrollo económico la autopista que une Sorong y Merauke? ¿Y los trece nuevos puertos? ¿Y los siete nuevos aeropuertos? ¡Engañifas!”, exclama un habitante del distrito de Nduga. “Esas carreteras benefician a las empresas silvícolas que devastan nuestros bosques. Y también a las multinacionales agroalimentarias que sustituyen nuestros cultivos de subsistencia por cultivos de exportación (aceite de palma, cría de ganado bovino) y hacen que nos muramos de hambre. En 2015 no se disponía de medios para frenar la epidemia de tosferina que acabó con la vida de 51 niños en las tierras altas de Nduga. ¡Nosotros no queremos ese desarrollo! ¡Mira tú si es próspera la mina de Grasberg que cada día genera más de 200.000 toneladas de residuos mineros que contaminan nuestros ríos!”. Desde julio de 2018, el Gobierno indonesio se convirtió en el accionista mayoritario de la compañía PT Freeport Indonesia, que explota esa mina. Sin embargo, su objetivo manifiesto consiste básicamente en aumentar la rentabilidad de la mina.
Pero la cosa no termina aquí: como consecuencia de la ejecución de 17 obreros en el lugar de la construcción del eje vial Trans-Papúa, los militares redujeron a brasas los pueblos con bombas de fósforo blanco, según detalla el semanario australiano The Saturday Paper. De los 100.000 papúes que residían en el distrito de Nduga, 45.000 han tenido que abandonar la región. Se presupone que 5.000 papúes aún estarían errando por las hostiles y gélidas tierras de los altiplanos. Según las oenegés, 190 papúes, en su mayoría mujeres y niños, ya han muerto de frío o por enfermedad. Otros, en cambio, han sido asesinados. Prueba de ello son los cinco cuerpos encontrados en una fosa. “Se trata ni más ni menos que de una limpieza étnica”, escribe Samuel Tabuni, director del Instituto de la lengua papú (situado en Jayapura), en una carta abierta al secretario general de la ONU. Pese a que las autoridades niegan los hechos, prohíben el acceso a la región a investigadores autónomos.
“Será muy difícil que nos aprueben un referéndum de autodeterminación”, se lamenta un militante papú. “¿Pero qué otra alternativa nos queda? Si oponemos resistencia, estamos muertos, pero si no actuamos, estamos condenados a desaparecer. Mira los informes de las oenegés: ¡el número de abusos, de ejecuciones extrajudiciales que el pueblo papú sufre diariamente es desorbitado!”. En efecto, “Papúa es uno de los agujeros negros de Indonesia en materia de derechos humanos. En esta región las fuerzas de seguridad han tenido carta blanca durante años para matar a mujeres, hombres y niños, sin temor a tener que asumir la más mínima responsabilidad”, constató el 2 de julio de 2018 Usman Hamid, director ejecutivo de Amnistía Internacional Indonesia.
El 23 de septiembre de 2019, una nueva revuelta abrasó Wamena, la urbe de las tierras altas centrales de la Papúa indonesia. Como ya había sucedido en otras ocasiones, un profesor presuntamente tildó a un alumno de “mono”. Según las autoridades locales, 33 personas, entre las cuales había 25 inmigrantes de Sumatra y de la isla de Célebes, habrían muerto en circunstancias que hasta hoy aún no se han esclarecido. Mucha gente se pregunta de dónde proceden los activistas, que ningún habitante de Wamena ha podido reconocer. Mientras tanto, cerca de 8.000 papúes nativos e inmigrantes residentes en Papúa han huido de Wamena: los primeros por miedo a la represión del ejército y los segundos, por la radicalización de algunos papúes. “No tenemos nada en contra de los inmigrantes”, declara Jeffrey Bomanak, responsable del OPM. “Nuestros enemigos son la policía y el ejército. Pero muchos de los inmigrantes que han llegado recientemente, directa o indirectamente manipulados por el poder, provocan conflictos intercomunitarios”. Muchos de ellos pertenecen a milicias nacionalistas e islamistas que patrullan sembrando el terror y recuerdan a los grupos extremistas que penetraron en Timor Oriental destilando día tras día la hiel de la guerra civil.
French to Spanish: Reseñas de libros General field: Art/Literary Detailed field: Journalism
Source text - French LA REVOLUCIÓN DE LOS ARRENDIRES. Una historia personal de la reforma agraria.
Rolando Rojas Rojas
Instituto de Estudios Peruanos,
Lima, 2019, 173 pages, 5,97 euros.
Cet ouvrage s’ouvre sur l’assassinat, par quatre paysans, d’Alberto Duque, un célèbre propriétaire
terrien du sud du Pérou. À l’instar des autres grands propriétaires de la vallée de La Convención, Duque avait pour habitude de « louer» quelques parcelles de ses terres à des familles paysannes. En contrepartie, hommes, femmes et enfants étaient asservis à son bon vouloir, cédant gratuitement leur force de travail pour ne pas être expulsés. La mort de Duque, en 1956, préfigure la révolte qui monte au début des années 1960 et le développement d’intenses mouvements paysans, auxquels répondra une réforme agraire en 1969. Certains groupes castristes emmenés par le charismatique Hugo Blanco vont tenter de faire de cette vallée une nouvelle Sierra Maestra, sans succès. Grâce aux témoignages de proches, l’auteur –petit-fils de l’un des quatre– retrace la montée des ressentiments à l’égard de la grande propriété, la préparation de l’opération, l’arrestation des «conspirateurs», puis leur retour en héros, une fois libérés. Cela se lit comme un polar.
RAPHAËL COLLIAUX
GÉNERO Y CONFLICTO ARMADO EN EL PERÚ.
Sous la direction d’Anouk Guiné et de Maritza Felices-Luna.
La Plaza editores - Groupe de recherche identités et cultures (GRIC), Lima - Le Havre, 2019 (1re éd. : 2018), 283 pages, 30 soles.
Ce recueil coordonné par Anouk Guiné et Maritza Felices-Luna réunit pour la première fois des chercheurs de différents pays autour du rôle des femmes pendant le conflit armé au Pérou (1980-2000). S’intéressant aux questions de genre, de classe et de race, l’ouvrage donne voix aux acteurs de l’histoire : ceux qui ont milité au sein du Partido Comunista del Perú - Sendero Luminoso (PCP-SL) et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amarú (MRTA) pendant la guerre civile. Ces mouvements avaient la particularité de présenter un taux de participation féminine très élevé (au PCP-SL, 50 % des combattants et 40 % des cadres étaient des femmes). L’ensemble proposé invite à comprendre que seule une des parties a vraiment été entendue jusqu’ici, et compte ouvrir à l’écoute de celles qui, dès la défaite des forces auxquelles elles appartenaient et la fin du conflit, ont été stigmatisées, violentées et exclues du processus de réconciliation nationale au Pérou.
MARÍA ISABEL ZAMORA YUSTI
REBEL LIVES. Photographs From Inside the Lord’s Resistance Army.
Kristof Titeca
Cannibal-Hannibal Publishers, Lichtervelde, 2019, 288 pages, 37,11 euros.
Chercheur à l’université d’Anvers, Kristof Titeca travaille depuis plus de quinze ans à collecter les témoignages sur l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Affaibli et paranoïaque, l’Ougandais Joseph Kony, son leader, ne serait plus qu’à la tête d’une centaine d’hommes. Mais durant les années 2000, la LRA, fondée en 1986 en réaction à la persécution de l’ethnie acholi par le régime du président Yoweri Museveni, fut, selon les médias anglo-saxons, une sorte de Boko Haram chrétien. L’affrontement avec Kampala fit des millions de déplacés et des milliers de victimes. La LRA s’illustra par l’enlèvement de 38000 enfants destinés au combat. Titeca est parvenu à rassembler des photos, très rares, de cette guérilla, majoritairement faites entre 2002 et 2003 par des commandants militaires aux fins de propagande, et il en éclaire la signification grâce à leur contextualisation, mais aussi grâce à des portraits de survivants qui reprennent la même pose photographique, des poèmes, des dessins d’enfants et de longs verbatim.
JEAN-CHRISTOPHE SERVANT
Stefan Zweig ou l’horreur de la politique
Toute sa vie, l’écrivain autrichien Stefan Zweig (1881-1942) a tenu la politique pour suspecte. Il avait certes, pendant la première guerre mondiale, plaidé publiquement – dans le sillage de Romain Rolland – pour la paix et la conciliation. Mais, comme l’indiquent les éditeurs de L’Esprit européen en exil (1), il est ensuite resté à l’écart des controverses trop vives et des partis politiques, ces lieux troubles. Farouche partisan de la «liberté intérieure», promoteur d’une évanescente «Europe de l’esprit», il se voulait au-dessus de la mêlée. Malgré les exhortations de Rolland («La politique, ce sont les conditions nécessaires pour exister – et même pour esthétiser. Nous ne gagnons rien à nous en désintéresser. Car de toute façon elles se feront, avec nous ou contre nous»), Zweig tenait à son indépendance et blâmait, en son for intérieur, ceux de ses amis qui, comme Rolland lui-même ou comme Jean-Richard Bloch (2), compagnons de route du Parti communiste français (PCF), avaient choisi de s’engager corps et âme.
L’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, la polarisation politique de l’Europe et la marche à la guerre vinrent briser l’idéal irénique de Zweig. Il faut choisir son camp. Spontanément antinazi, il n’en chercha pas moins à temporiser, calibrant avec prudence ses interventions publiques et renâclant à collaborer aux revues antifascistes, témoignant, comme le lui reprochait à ce propos Klaus Mann, d’une «hésitation anémique». Il faut que ses livres soient jetés au feu, et sa maison perquisitionnée, pour qu’en 1934 il se résolve à l’exil, emportant avec lui la nostalgie d’un monde perdu. À Londres, à New York, puis au Brésil, où il s’installa en 1940, il s’autorisa bien quelques attaques contre le Reich et ses alliés; mais forte était la tentation de tourner le dos à l’histoire, comme l’avaient fait ces pêcheurs des bords de Seine qui, le 21 janvier 1793, surveillaient placidement leurs lignes à quelques pas de la place où l’on guillotinait Louis XVI, et auxquels Zweig consacra un texte à l’hiver 1941. On sait comment s’acheva cette «vie assiégée par la politique», selon son mot : le 22 février 1942, Zweig et sa femme Lotte mettaient fin à leurs jours.
C’est sans doute ce drame personnel – celui d’un intellectuel qui, percuté par l’histoire, assiste à la ruine de son monde et de son idéal – qui a nourri la part la plus forte de l’oeuvre de Zweig. Il sous-tend Le Monde d’hier, sa magnifique autobiographie. Mais il inspire aussi les ouvrages «historiques» qu’il consacra à la Renaissance et à la Réforme (3). Qu’il ressuscite Érasme, prince des humanistes confronté à la grande houle luthérienne, qu’il mette en scène l’affrontement de Sébastien Castellion – protestant tolérant – et de la tyrannie calviniste, ou qu’il évoque Montaigne, retiré dans sa tour-bibliothèque et s’efforçant, en plein coeur des guerres de Religion, d’«être à soy», c’est toujours sa propre tragédie que dépeint Zweig – celle du modéré à l’heure des grands conflits, de l’homme de raison au temps du fanatisme, de l’individu indépendant à l’ère des masses. L’affrontement est héroïque et le tableau poignant. Mais le combat semble toujours – dans le cas de Zweig comme dans celui de ses personnages – perdu d’avance.
ANTONY BURLAUD.
(1) Stefan Zweig, L’Esprit européen en exil. Essais, discours, entretiens, 1933-1942, édition établie par Jacques Le Rider et Klemens Renoldner, Bartillat, Paris, 2020, 415 pages, 22 euros. Cf. également Stefan Zweig, Pas de défaite pour l’esprit libre. Écrits politiques, 1911-1942, Albin Michel, Paris, 2020, 352 pages, 22,90 euros.
(2) Stefan Zweig et Jean-Richard Bloch, Correspondance (1912-1940), Éditions universitaires de Dijon, 2020, 266 pages, 22 euros.
(3) Stefan Zweig, Grandeur et tragédie d’Érasme de Rotterdam, suivi de Castellion contre Calvin ou conscience contre violence, traduction nouvelle de Jean-Jacques Pollet, Les Belles Lettres, Paris, 2019, 464 pages, 25,990 euros. Ainsi que Stefan Zweig, Montaigne, traduction nouvelle de Corinna Gepner, Le Livre de poche, Paris, 2019, 144 pages, euros.
Translation - Spanish LA REVOLUCIÓN DE LOS ARRENDIRES. Una historia personal de la reforma agraria
Rolando Rojas Rojas
Instituto de Estudios Peruanos,
Lima, 2019, 173 páginas, 5,97 euros.
Esta obra comienza con el asesinato de Alberto Duque, un famoso hacendado del sur de Perú, a manos de cuatro campesinos. Igual que otros terratenientes del valle de La Convención, Duque solía “arrendar” algunas parcelas de sus tierras a familias de campesinos. A cambio, hombres, mujeres y niños eran subyugados a su antojo, y cedían su fuerza de trabajo gratuitamente para que no les expulsaran. La muerte de Duque, en 1956, anticipa la revuelta que irrumpió a principios de los años 1960 y el desarrollo de intensos movimientos campesinos, a los que dio respuesta una reforma agraria en 1969. Algunos grupos castristas liderados por el carismático Hugo Blanco tratarán de hacer de este valle —sin éxito— una nueva Sierra Maestra. Gracias a los testimonios de familiares, el autor, que era nieto de uno de los cuatro, evoca la exacerbación del resentimiento hacia las haciendas, la preparación de la operación, el arresto de los “conspiradores” y, finalmente, su regreso como héroes una vez liberados. En definitiva, una auténtica novela policíaca.
RAPHAËL COLLIAUX
GÉNERO Y CONFLICTO ARMADO EN EL PERÚ
Dirigido por Anouk Guiné y Maritza Felices-Luna.
La Plaza Editores - Grupo de Investigación Identidades y Culturas (GRIC), Lima - El Havre, 2019 (1.ª ed.: 2018), 283 páginas, 30 soles.
Esta colección, coordinada por Anouk Guiné y Maritza Felices-Luna, reúne por primera vez un colectivo de investigadores de diferentes países en torno al papel que las mujeres adoptaron durante el conflicto armado en Perú (1980-2000). El libro, que centra el interés en cuestiones de género, clase y raza, da voz a los protagonistas de la historia: los militantes del Partido Comunista del Perú - Sendero Luminoso (PCP-SL) y el Movimiento Revolucionario Túpac Amaru (MRTA) durante la guerra civil. Esos movimientos presentaban la particularidad de tener una tasa de participación femenina muy elevada (en el PCP-SL, el 50 % de los combatientes y el 40 % de los altos mandos eran mujeres). La obra propuesta invita a comprender que hasta ahora tan solo se ha escuchado realmente a una de las partes, y tiene la intención de mostrarse receptiva a escuchar las que, desde la derrota de las fuerzas a las que pertenecían y desde el final del conflicto, fueron estigmatizadas, violadas y excluidas del proceso de reconciliación nacional en Perú.
MARÍA ISABEL ZAMORA YUSTI
REBEL LIVES. Photographs From Inside the Lord’s Resistance Army
Kristof Titeca
Cannibal-Hannibal Publishers, Lichtervelde, 2019, 288 páginas, 37,11 euros.
Kristof Titeca, investigador en la Universidad de Amberes, se dedica desde hace más de 15 años a recopilar testimonios del Ejército de Resistencia del Señor (LRA, por sus siglas en inglés). Debilitado y paranoico, se cree que el líder del LRA —el ugandés Joseph Kony— está al mando únicamente de un centenar de hombres. Pero durante los años 2000, el LRA, fundado en 1986 como reacción a la persecución de la etnia acholi por parte del régimen del presidente Yoweri Museveni, fue —según los medios anglosajones— una especie de Boko Haram cristiano. El enfrentamiento con el Gobierno de Kampala provocó millones de desplazados y miles de víctimas. El LRA empezó a ganar notoriedad a raíz del secuestro de 38.000 niños destinados a la guerra. Titeca consiguió reunir fotos excepcionales de esta guerrilla, la mayoría de las cuales fueron tomadas entre 2002 y 2003 por mandos militares con fines propagandísticos. El autor también revela su significado no solo poniéndolas en contexto, sino también gracias a retratos de supervivientes que posan igual en las fotos, poemas, dibujos de niños y largas citas textuales.
JEAN-CHRISTOPHE SERVANT
Stefan Zweig o el horror de la política
Durante toda su vida, el escritor austríaco Stefan Zweig (1881-1942) consideró la política como algo sospechoso. En efecto, durante la Primera Guerra Mundial abogó públicamente —inspirado por Romain Rolland— por la paz y la mediación. Sin embargo, tal como indican los editores de L’Esprit européen en exil , Stefan Zweig se mantuvo al margen de temas demasiado controvertidos y de los partidos políticos, lo que él consideraba cuestiones turbias. Partidario acérrimo de la “libertad interior” e impulsor de la evanescente “Europa del espíritu”, Zweig deseaba permanecer por encima del conflicto. A pesar de las exhortaciones de Rolland (“La política es el conjunto de condiciones necesarias para existir, e incluso para idealizar la realidad. No ganamos nada desentendiéndonos de ella, pues acabarán pasando de todos modos, ya sea con nosotros o en nuestra contra”), Zweig amaba su independencia y censuraba, en su fuero interno, a los amigos que —igual que el mismo Rolland o Jean-Richard Bloch , compañeros de viaje del Partido Comunista de Francia (PCF), decidieron entregarse a la política en cuerpo y alma.
La llegada al poder de Adolf Hitler, la polarización política de Europa y la participación en la guerra hicieron añicos el ideal irenista de Zweig. Había que posicionarse a favor de un bando o de otro. Si bien Zweig propugnaba un antinazismo innato, trató de ganar tiempo, midiendo con prudencia sus intervenciones públicas y mostrando su rechazo a colaborar para revistas antifascistas, lo cual puso de manifiesto —tal como Klaus Mann le reprochó al respecto— una “vacilación anémica”. Tuvieron que quemar sus libros y registrar su casa antes no decidió exiliarse en 1934, llevándose consigo la nostalgia de un mundo perdido. Vivió en Londres, Nueva York y finalmente en Brasil, donde se instaló en 1940 y, escudándose, lanzó algunos ataques contra el Reich y sus aliados. Pero tenía una gran tentación de dar la espalda a la historia, como lo habían hecho esos pescadores a orillas del Sena que, el 21 de enero de 1793, vigilaban tranquilamente sus cañas, a pocos metros de la plaza donde Luis XVI fue guillotinado. A esos mismos pescadores Zweig dedicó un libro en invierno de 1941. Sabemos cómo terminó esa “vida asediada por la política”, como decía el escritor: el 22 de febrero de 1942 Zweig y su segunda mujer Lotte se suicidaron.
Es sin duda este drama personal, el de un intelectual que —maltratado por la historia— es testigo de la destrucción de su mundo y su ideal, el que ha estado presente en las obras más representativas de Zweig. El drama constituye los cimientos de El mundo de ayer, su magnífica autobiografía, pero también sirve de inspiración a las obras “históricas” que dedicó al Renacimiento y a la Reforma . Ya sea resucitando a Erasmo —rey de los humanistas que tuvo que vivir la gran marejada luterana—, presentando el enfrentamiento de Sébastien Castellion —protestante respetuoso— y la tiranía calvinista o bien aludiendo a Montaigne, que se retiró a su torre-biblioteca y se esforzó —en medio de las guerras de religión— para mantenerse fiel a sus principios, Zweig siempre describe su propia tragedia, la de un moderado en tiempos de grandes conflictos, del hombre cuerdo en tiempos de fanatismo y del individuo independiente en la era de las masas. El enfrentamiento es heroico y la imagen, desgarradora. Pero la lucha siempre parece —en el caso de Zweig y de sus personajes— perdida de antemano.
ANTONY BURLAUD.
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1. Stefan Zweig, L’Esprit européen en exil. Essais, discours, entretiens, 1933-1942, editado por Jacques Le Rider y Klemens Renoldner, Bartillat, París, 2020, 415 páginas, 22 euros. Cf. también Stefan Zweig, Pas de défaite pour l’esprit libre. Écrits politiques, 1911-1942, Albin Michel, París, 2020, 352 páginas, 22,90 euros.
2. Stefan Zweig y Jean-Richard Bloch, Correspondencia (1912-1940), Éditions universitaires de Dijon, 2020, 266 páginas, 22 euros.
3. Stefan Zweig, Grandeur et tragédie d’Érasme de Rotterdam, suivi de Castellion contre Calvin ou conscience contre violence, nueva traducción de Jean-Jacques Pollet, Les Belles Lettres, París, 2019, 464 páginas, 25,99 euros. Véase también Stefan Zweig, Montaigne, nueva traducción de Corinna Gepner, Le Livre de poche, París, 2019, 144 páginas, ¿? euros.
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Bio
I am a BA in Translation and Interpreting (EN/FR>CA/SP, CA<>SP) from Pompeu Fabra University. In my third year, I specialised in Audiovisual and Technical Translation. I am currently working as a French into Spanish Freelance Translator for 'Le Monde diplomatique en español' and as an English into Spanish Freelance Posteditor at Unbabel.
Regarding my professional experience, I taught private lessons to adults and teenagers for eight months. I also worked as a receptionist in a retirement home for six months.
In May 2019, I had the opportunity to translate my first book from Catalan into Spanish. Moreover, I translated two scripts from Spanish into English.
I am passionate about languages and literature. I am an organized, dynamic, efficient and very meticulous person. I am committed to offer high-quality services and transfer knowledge to people.
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